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1 an de vécu..
12 avril 2007

Four days among the monks


un séjour du tonnerre. Météo parfaite, au meilleur moment de l'année : rando en t-shirt, sous un grand soleil, sans que les températures soient écrasantes pour autant.
Chaque jour, on parcourait entre 5 et 7 heures de rando, de monastère en monastère, au milieu d'une nature sauvage d'un cachet exceptionnel..

On dénombre 20 monastères disséminées ci et là sur le territoire ; en 4 jours, j'ai eu la chance d'en voire 11. Tous avec un charme différent, une architecture propre, un style particulier, mais toujours cette même atmosphère au final, loin du monde et hors du temps.

Coup de coeur pour l'édifice magnifique de Xenofodos, dans un style russe, le long de la côte Sud...

monast_re_russe_1     monast_re_russe_2     monast_re_russe_3

Pour Simonos Petras également, du pur vernaculaire littéralement perché au sommet d'une falaise, proprement ahurissant.. première de nos haltes, le samedi aprèmidi, il aura suffit a donner le ton..

Simonos_petras_1     Simonos_petras_2     Simonos_petras_3

pour y accéder, c'est de la vraie rando, sur du sentier de montagne, de ceux qui tirent sur les quadriceps, pas pour les lopettes.

Le suivant, Grigoriou, est tout aussi sympa.

Grigoriou_1     Grigoriou_2     Grigoriou_3

Particularité : parmi les trésors conservés soigneusement à travers les siècles, une relique du bois de la croix sur laquelle fut crucifié le Christ. J'ai pu voir le morceau, pas plus gros qu'une écharde, conservée avec le plus grand soin dans du verre.. d'après le témoignage des moines qui nous l'ont présenté, il conserverait encore aujourd'hui des vertus miraculeuses.

Moins de 2h de marche plus loin se dresse Dionysiou, à quelques mètres du rivage Egéen.

Dionysiou_1    Dionysiou_2     Dionysiou_3

Notre première journée de rando s'achève au crépuscule, du côté d'Agiou Pavlou, dans lequel nous passons la nuit.

Agiou_Pavlou_1    Agiou_Pavlou_2    Agiou_Pavlou_3


On rencontre un pélerin venu de Lamia, avec qui on partage notre premier repas dans le monastère (pain complet, figues sèches, oranges).
Parmi la vingtaine d'étrangers venus loger là, on croise deux français, un quinqua artisan du Sud Ouest qui s'était promis toute sa vie de venir ici un jour, et un ami à lui, éleveur de chevaux retraité du côté d'Aix.. Le lieu est désert en soirée : tous les moines se reposent avant la grande veillée de Pâques, dont les liturgies vont durer toute la nuit.

La douche et une petite sieste plus tard, on est fin prêt pour le début du cérémonial.. impressionnant là encore, assez indescriptible. Atmosphère extraordinaire, même si évidemment on comprend rien aux liturgies.. j'ai réussi à rester jusque vers 4h du mat', ce qui relève déjà de la performance.

Agiou_Pavlou_4     Agiou_Pavlou_5     Agiou_Pavlou_6


Le lendemain, on continue à descendre un peu plus au Sud (à ce stade, on arrive quasiment à l'extrémité de la péninsule), jusqu'à Nea Skiti.
Les Skiti, ce sont des “annexes” des monastères en quelques sortes, des petits baraquements où d'autres moines vivent généralement solo ou en petit comité, cultivant des tomates ou des oliviers sur les lopins de terre alentours..

Nea_Skiti_1     Nea_Skiti_2     Nea_Skiti_3

Super moment passé là, à échanger avec un moine chaleureux, qui nous a offert café et gâteaux secs, depuis sa terrasse où la vue est à tomber.

Par la suite, on reprend un bateau qui nous ramène un peu plus haut sur la côte, avant de traverser à pied toute la presqu'île d'Ouest en Est.


moments privilégiés sur le bateau, à une vitesse de croisière, sous un merveilleux soleil, en train d'admirer ces côtes parfaitement dessinées, et ces monastères jaillis de nulle part..

croisi_re_1     croisi_re_2     croisi_re_3

la rando qui nous attend au départ de Dafni était quelque peu présompteuse : joindre Iviron sur la côte Est, où l'on doit passer la nuit, avant le coucher du soleil.. une grosse dizaine de bornes en plein cagnard, sur des routes pentues, tantôt asphaltées, tantôt rocailleuses, ou poussiéreuses..

nature_1          nature_2         nature_3

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sur le chemin, on passe par l'éblouissant monastère de Xeropotamou le temps d'un rafraichissement, sans s'arrêter plus longtemps à la beauté du site..

Xeropotamou_1     Xeropotamou_2     Xeropotamou_3


Objectif atteint, on atteint l'imposant monastère d'Iviron en soirée, fatigués mais heureux. (enfin moi du moins, qui ai adoré la rando ; après, certains avaient un peu + mal aux pieds^^)


Iviron_1     Iviron_2     Iviron_3

le repas collectif a déjà été partagé, mais on nous met les petits plats dans les grands en cuisine, et on peut taper goulument dans leur stock de crudités, feta, oranges & poissons.. et même vin rouge. Merci encore.

Lundi matin.
5h00 : on est debout pour assister à l'office.
5h15 : j'étais déjà parti me recoucher.
7h00 : les cloches retentissent, fin de l'office, c'est l'heure de partager le premier repas de la journée.

On se pointe dans une salle aussi immense qu'austère, doit y avoir là une trentaine de moines et une centaine de pélerins orthodoxes venus pour Pâques. Des tables en bois interminables sont disposées toute en longueur avec des bancs, et dans chaque écuelle une soupe. À côté, des assiettes de feta, de pâtes, et de fruits.

Iviron_4     Iviron_5     Iviron_6

Tout un tas de rituels avant d'attaquer, on se lève et se rassoit, tout le monde en silence dans cette salle mortuaire où il fait moins 15°, avec un pope perché en hauteur qui lit à voix haute des textes liturgiques.. un autre passe avec le pain, que tout le monde doit toucher tour à tour.. ambiance des plus solennelles, j'ai vite compris qu'à table ça allait pas rigoler.

Enfin, l'espèce de grand igoumène finit par s'asseoir, et on peut commencer à tailler la bavette. On mange depuis 5 minutes à peu près, dans un silence religieux, lorsque je vois tout le monde se lever à nouveau.. puis les popes entonnent un nouveau chant, à l'issue duquel.. tout le monde se barre, toujours en silence, calmement. Sans finir les assiettes. Reste de la bouffe à profusion sur la table, les verres sont encore pleins, mais faut libérer la place comme si y'avait une alerte incendie.

Effet de surprise total pour nous, on a juste le temps d'envelopper 2-3 morceaux de feta dans les poches de nos sweet-capuches, et on doit suivre le mouvement en se mettant la gourmandise derrière l'oreille.. Bon, en 5 minutes, j'ai dû manger à peu près autant que mes 3 voisins d'en façe, vous inquiétez pas pour moi.
Mais le Frankie, juste à côté, il salivait d'avance à l'idée de se faire une belle salade, et il avait passé tout ce laps de temps à confectionner soigneusement son assiette.. Et bah, il y a pas touché. ça profitera aux poules..

avant de partir, on fait le tour du monastère, sympa.. puis on discute une petite heure autour d'un Tzipuro avec un moine (Frère Jacques, ça s'invente pas hein), pour le moins.. détonnant. Sexagénaire alerte, probablement un gars de famille très aisée, de la haute bourgeoisie athénienne, qui a passé sa vie dans les propriétés familiales entre Genève et la campagne normande, et connait les grands restaus parisiens mieux qu'un guide Michelin.. ..et a échoué là depuis quelques années, au coeur du Mont Athos, où sa vie se résume désormais au monachisme..

On passe ensuite par Stavronikita, puis Pantokratoros, où l'on fait à nouveau une rencontre passionnante, avec un moine de 38 ans qui en parait 15 de moins, Théophilos, un type adorable parlant le français couramment, qui a fait un doctorat de théologie à Strasbourg il y a quelques années, et qui est devenu moine peu de temps après son retour au pays.

Pantokratoros_1     Pantokratoros_2     Pantokratoros_3


Au coucher du soleil, on aperçoit enfin Vatopediou au creux d'un golfe ; c'est là qu'on passe notre dernière nuit en terre Sainte, dans l'un des plus grands monastères d'Athos.

Vatopediou_1     Vatopediou_2     Vatopediou_3

Vatopediou_4     Vatopediou_5     Vatopediou_6


Le lendemain, Jonathan Frankie et Pierre Yves prévoient de prendre l'espèce de minibus qui retraverse l'île jusqu'à Daphni en fin de matinée, passablement usés par trois grosses journées de marche..


Pour ma part, je me suis tellement régalé à randonner dans cet environnement, que je décide de m'en servir une dernière tranche.. je suis debout à 6:30 du mat', et j'attaque la rando en solo au levé du jour, à un rythme autrement plus soutenu.. le but était d'y aller à fond, histoire d'en profiter jusqu'au bout, et de se faire un p'tit effort physique intense, lâcher des litres de sueur sur les pentes.. plus on fait du sport plus la condition physique revient, j'avais la pêche, j'ai dû taper 10 à 15 bornes dans la matinée, à un train d'enfer, rando géniale.

nature_10     nature_11     nature_12


A Acariès, le mini-bourg qui sert de “capitale” administrative au territoire, je rencontre 5 gars qui cherchent le même minibus que moi (pour rejoindre Daphni avant l'heure du dernier bateau pour Ouranopolis), et qui semblent pas parler grec.. on commence à sympathiser, les gars parlant un anglais parfait : il s'avère que ce sont des Géorgiens, de confession orthodoxe eux-aussi, venus ici en pélerinnage à l'occasion de Pâques.. des types adorables, qui m'ont insisté pour me payer la bouffe et un apéro en attendant le minibus, et le billet retour vers Daphni..

Parfois, on fait des recontres extraordinaires au détour des coins les plus improbables. Sur les 5, deux d'entre eux étaient frères.

Pour visualiser, vous prenez les frères Rappetou : ba c'est les mêmes. Genre la trentaine, molosses de 115 kilos, mal rasés, en joggings amples, grosses lunettes de soleil noires.. cools, quoi. Mais l'habit ne fait pas le moine, au Mont Athos encore moins qu'ailleurs.. mes deux bonhommes en fait, s'ils parlent si bien anglais et ont le portefeuille chargé, c'est que le parrallèle avec les Rappetou s'arrête à la dégaine.. : le plus vieux a terminé en France, à HEC, et bosse maintenant comme cadre en Géorgie pour Pernot-Ricard, et le cadet vient de terminer un MBA à Monaco..

Du coup, j'ai appris plus sur la Géorgie en une heure qu'il ne me serait jamais venu à l'idée d'en apprendre.


Arrivés à Daphni, on se sépare, et je prend le dernier bateau express pour rejoindre mes trois compères qui m'attendent à Ouranopolis.
On retrouve la caisse laissée là 4 jours plus tôt, et ciao le Mont Athos..


c'était fatal, autant d'un point de vue sportif avec ces randos superbes au milieu d'une nature merveilleuse, que par les recontres qu'on y a fait, ce qu'on a partagé, ce dont on s'est impreigné.. une expérience carrément hors du commun, un souvenir qui restera.
Endroit magique, qui respire la sérénité, la plénitude, le calme, la spiritualité, la communion avec la nature.. séjour grandiose.

Objectif : y retourner un jour.

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